
noir, rouge, violet, rose. Soho, New York City.
"Elle déposa doucement le petit os dans son assiette. Le ronflement des voitures continuait, sans qu'une note plus vive s'élevât. Elle était obligée de hausser la voix pour qu'il pût l'entendre, et les rougeurs de ses joues auguementaient. Il y avait encore, sur la console, des truffes, un entremets sucré, des asperges, une curiosité pour la saison. Il apporta le tout, pour ne plus avoir à se déranger, et comme la table était un peu étroite, il plaça à terre, entre elle et lui, un seau d'argent plein de glace, dans lequel se trouvait une bouteille de champagne. L'appétit de la jeune femme finissait par le gagner. Ils touchèrent à tous les plats, ils vidèrent la bouteille de champagne, avec des gaietés brusques, se lançant dans des théories scabreuses, s'accoudant comme deux amis qui soulagent leur coeur, après boire." - Extrait de La Curée, Emile Zola, Folio n°3302, Sur le zinc, Au café avec les écrivains, Editions Gallimard, 2008.
Aujourd'hui je suis partie acheter un pull Tribute for Seven pour Mushroom qu'il m'avait demandé. Pour récupérer le pull, je me suis rendue à 110 Mercer Street au coeur de SoHo. Une jolie ballade que je me réjouissais de faire. Il était presque 16h lorsque j'ai monté les marches de l'arrêt MTA du C, Spring Street. C'est un arrêt plutôt froid et abandonné, un arrêt de train régional, un arrêt où deux trains s'arrêtent et un autre passe au travers à toute allure laissant les gens sur le quai humer l'odeur du caoutchouc brûlant des roues brûlantes.
J'ai déscendu Spring street, dépassé Mercer Street, rassurée de ne m'être trompée sur l'emplacement du magasin où je devais me rendre. A l'intersection avec LaFayette, je rentre dans la banque vérifier si les sous de Mushroom était bien arrivés dans mon compte, c'est un embarras qui m'insupporte plus que tout, arrivée à une caisse sans rien qui fonctionne. Tout en règle, je me dépèche de retourner au magasin avant qu'il ne ferme, consciemment sachant qu'il ne fermerait sûrement pas avant deux ou trois heures supplémentaires, mais mes valeurs suisses me disent de me précipiter.
Transaction faite, victorieuse, je me mets à la recherche d'un joli endroit où prendre un chocolat chaud.
J'absorbe les rues, qui paraissent de plus en plus étroites sans l'être, j'aperçois une belle vitrine, ce sont des rues où tout inspire une beauté de ruelle parisienne, je traverse en diagonale, mais c'est un restaurant, les serveurs font les derniers arrangements entre les tables, les bougies et les chaises, s'aprêtent à acceuillir la clientèle de 17h.
Je continue ma route et aperçois le logo du Pain Quotidien. J'hésite quelques instants à y entrer, je ne suis généralement pas très enthousiaste à l'idée du Pain Quotidien. J'ai du y mettre les pieds un total de 3 fois à Genève, et une fois à Paris. J'entre, je m'installe à la fenêtre, la vue me plait. Rien à voir avec Champel, pas de tabacs, de boulangeries Pain Paillasses, de Migros ou d'arrêt de bus. Ici c'est une boutique énorme Yohji Yamamoto, les ceintres alignés, espacés, des carcasses de tissu légères, noires, blanches, parfaites, suspendus dans un air qui parait oxygéné à mort.
Je commande mon chocolat. Je commande des tartines. Je lis mon Folio 2 euros. Une femme est assise en diagonale de moi, face à moi. Elle est brune, la quarantaine, fait attention à ses choix. Elle choisie une une infusion gingembre/ginseng, froide. Elle commande une soupe du jour, à la carotte, servie du pain, dit quotidien. Elle envie mon roastbeef et mon chocolat.
Je suis là et je suis lasse. Je suis là pour faire mes adieux à la Suisse, mon jet lag est officiellement terminé, je m'apprête à retourner dans mon rythme NewYorkais, Brooklynois. Je prends mon temps, pour toutes les minutes où je sentirais que le temps me manquera. Je sirotte mon chocolat tranquillement, je le repose sur la table, je lis quelques pages, le serveur est inquiet, légèrement nerveux, il n'a pas l'habitude des clients qui restent plus de 20min. 50min ont du passé depuis mon arrivée. Je commande un café, il est soulagé de pouvoir faire quelque chose. Il y peu de clients, c'est une heure étrange, les gens travaillent, ou font des emplettes. Moi je sirotte.
Je fini enfin mon repas, tout le personnel me salue, je sors et m'assieds sur le banc du café pour fumer la roulé que je m'étais préparée.
Un couple de jeunes filles de 16ans, passe, une d'entre-elles avec un sac à gros pois blancs sur fond noir me regarde, se demande combien de temps je vais passer assise là. Un homme passe avec un léger sourire sur ses lèvres, l'air heureux, tout simplement, je me souris. En sens inverse, un autre passe en promenant son chien, il se demande si ma cigarette contient de la marijuana, son chien est mignon. Quatre ou cinq minutes passent, et le couple d'adolescentes repasse, la fille aux pois se demande combien de cigarettes j'ai pu fumer depuis la première passade. C'est toujours la même, elle arrive à bout, elle s'éteindra toute seule mais je l'écrase du bout de mes escarpins. Je me lève et me dirige vers Greene Street. L'air est doux, le vent ne mord pas. Je chemine tranquillement, je descends dans le métro, les portes du train se ferment lorsque je traverse l'entrée, 4 trains passent avant que le bon revienne. Je lis des pages de mon Folio. Dans le train entre une grosse femme africaine en tenue d'infimière et un homme propre sur lui, bien habillé qui écoute de la musique classique qui dorment tout deux paisiblement, je finis mon bouquin, corne les pages qui m'interessent. Je relis les 2 premières nouvelles, je les aime, je souris.
Nostrand Avenue, mes derniers pas lents pour la soirée. Je sors dans ma rue, éclairée des commerces, banderoles jaunes et oranges. Lumières de noël vertes et blanches. Je traverse la rue, en rentrant je ferais la vaisselle, je sortirais les ordures, j'effacerais les traces du monde qui est passé chez nous cette semaine, Rachel rentrera, au plus tard à 19h.
New York recommencera.
Voilà ma Niki, nous sommes de retour. Un quai de gare, un avion qui vole, et la vie reprends son cours. Love.
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